Adrénaline et hospitalisation
Le traitement d’urgence de l’anaphylaxie, par injection d’adrénaline en voie intra musculaire, doit systématiquement être suivi d’une hospitalisation d’au moins 7 heures. Ce délai peut être prolongé jusqu’à 24 heures en cas d’atteinte cardiovasculaire et respiratoire.
Cette surveillance en milieu hospitalier est motivée par le risque d’anaphylaxie biphasique décrite pour la première fois en 1925. Ce phénomène est décrit dans 10 % à 20 % des anaphylaxies : il s’agit d’une récidive dans les heures (jusqu’à 72 heures) suivant la résolution du choc anaphylactique et sans nouveau contact avec les allergènes. La multiplication des injections d’adrénaline (2 à 3 doses) pour juguler l’épisode initial est un facteur de risque de réaction biphasique. L’administration secondaire de corticoïdes et d’antihistaminiques n’a pas prouvé un effet bénéfique en prévention.
Le dosage de la tryptase sanguine est impératif dans les 30 minutes à 2 heures qui suivent la réaction anaphylactique, complété par un contrôle 24 heures plus tard.
Anaphylaxie létale : surtout médicamenteuse
L’incidence de l’anaphylaxie est estimée à environ 50 épisodes/100 000 habitants par an. L’anaphylaxie mortelle est dans la majorité des cas due aux médicaments. Facteurs favorisants : un âge supérieur à 50 ans et des antécédents de pathologie cardiovasculaire. Les médicaments incriminés varient selon les pays (prédominance des curares en Grande-Bretagne, par exemple). Selon la classification internationale CIM- 10, la responsabilité des médicaments aurait doublé en 9 ans, passant de 0,27 cas/million d’habitants entre 1999 et 2001 à 0,51 cas/million d’habitants entre 2008 et 2010. Ces chiffres pourraient encore augmenter lorsque la classification CIM- 11 sera effective partout dans le monde (voir encadré).
Le bilan allergologique
La preuve de l’implication d’une substance ou allergène responsable est toujours effectuée au minimum 6 semaines plus tard avec :
- La recherche du facteur déclenchant par l’interrogatoire (aliment, curares, antibiotiques, AINS, latex, produit de contraste, hyménoptères).
- La présence de cofacteurs : prise d’AINS, de bêtaboquants, d’IEC, d’IPP, de statines, effort, consommation d’alcool, asthme, pathologies mastocytaires.
- Les tests cutanés en prick associés en IDR à différentes dilutions pour les médicaments et produits de contraste.
- Dans certains cas, un test de provocation est programmé.
Anaphylaxie : nouvelle classification CIM- 11
Un recueil insuffisant des cas d’anaphylaxie a été constaté au niveau mondial en 2012 avec le système de classification internationale des maladies (CIM- 10).
Après un travail commun entre différentes instances allergologiques au niveau mondial, et les représentants du CIM à l’OMS, la nouvelle classification CIM- 11 a la particularité d’inclure désormais une nouvelle section « Conditions allergiques et d’hypersensibilité » sous le chapitre « Désordres du système immunitaire », pour aboutir à des données épidémiologiques plus précises sur l’anaphylaxie.
Beaudouin E, Tanno L, Pouessel G, et al. Les facteurs de risque et cofacteurs de l’anaphylaxie. Rev Fr Allergol 2021;61(8):8S12-6.
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