Alors que les arboviroses sont en recrudescence en raison de l’expansion du moustique tigre, le tout premier vaccin contre le virus du chikungunya vient d’être commercialisé. Quelles sont ses indications ?

Le vaccin Ixchiq est un vaccin vivant atténué contre le virus du chikungunya (souche Δ5nsP3). Il est indiqué chez l’adulte, mais pas encore chez les enfants et les adolescents.

Autorisé en Europe et aux États-Unis sur la base de données de sécurité et immunogénicité

Le vaccin a reçu l’AMM de la Food and Drug Administration (FDA) aux États-Unis en novembre 2023, puis l’AMM européenne en mai 2024, pour une utilisation chez l’adulte.

Ces autorisations étaient fondées notamment sur les résultats de deux études conduites aux États-Unis, publiées dans le Lancet. Un essai de phase III contre placebo sur plus de 4 000 adultes, évaluant la sécurité et l’immunogénicité, a conclu qu’une dose du vaccin induisait des anticorps neutralisants chez 99 % des personnes l’ayant reçue. Un essai de phase IIIb sur 360 personnes ayant participé au précédent a conclu que les anticorps neutralisants persistaient jusqu’à 2 ans, sans qu’aucun effet indésirable grave lié à la vaccination n’ait été décelé.

Sur la base de ces résultats, les autorités sanitaires ont estimé que le vaccin pouvait offrir une protection, en l’attente de données sur son efficacité clinique contre la maladie, non encore disponibles.

Pour quels patients ?

La HAS n’a pas encore émis d’avis sur sa place dans la stratégie vaccinale. Il n’est donc pas remboursé à ce jour par l’Assurance maladie. Il est toutefois disponible en pharmacie d’officine ou en centre de vaccinations internationales depuis le 18 novembre 2024.

Les recommandations des Centers for Disease Control (CDC) aux États-Unis concernent les patients voyageurs :

  • s’ils se rendent dans un pays où sévit une épidémie de chikungunya (v. ci-après) ;
  • pour les patients les plus à risque, en cas de voyage dans des pays où la transmission de ce virus a été documentée au cours des 5 années précédentes , même en l’absence d’épidémie en cours. Ces patients sont : les personnes de plus de 65 ans (+++ si pathologies), susceptibles d’avoir une exposition modérée (au moins 2 semaines cumulées d’exposition aux moustiques), ou toute personne séjournant pendant une période cumulée de 6 mois ou plus.

Pas encore de recommandations dans les pays endémiques

Le chikungunya est endémique dans les régions tropicales et subtropicales. En 2024, un peu moins de 500 000 cas ont été rapportés dans le monde, majoritairement en Amérique du Sud (15 pays) et Asie du Sud-Est (6 pays) [figure].

Il ne semble pas y avoir d’épidémie en cours, hormis une alerte émise par les CDC américains sur l’État du Telangana en Inde fin novembre ; en Amérique du Sud, le pic semble avoir été atteint en début d’année, d’après les dernières données de l’Organisation panaméricaine de la santé.

Aujourd’hui, le vaccin n’a encore reçu l’AMM dans aucun de ces pays. Au Brésil, la demande est en cours d’évaluation par les autorités sanitaires et il est prévu que le vaccin y soit disponible en 2025 ; il serait indiqué chez les personnes de moins de 60 ans. L’Institut Butantan brésilien a, de plus, annoncé un partenariat avec le laboratoire producteur d’Ixchiq (Valneva) pour déployer le vaccin dans les pays à revenus bas-intermédiaires où le virus est endémique. En parallèle, une étude de phase III conduite chez des adolescents dans les régions endémiques brésiliennes vient de paraître dans le Lancet . Elle a conclu que le vaccin était sûr et immunogène dans cette population. Un autre essai est en cours en Inde chez les personnes âgées de 12 à 65 ans.

Cinq autres candidats vaccins contre le chikungunya sont en cours de développement et en phase d’essais cliniques actuellement.

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