Depuis 2015, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) recommande de ne pas consommer plus de 50 g de sucres libres par jour (soit 10 % des apports énergétiques).1 Par « sucres libres », l’OMS entend à la fois les sucres ajoutés par les industriels et ceux contenus dans des aliments tels que le miel, les sirops et les jus de fruits. Une étude suédoise parue en décembre dernier dans Frontiers in Public Health suggère que les effets sur la santé des sucres ajoutés ne sont pas les mêmes selon leurs origines (boissons sucrées ; gâteaux, crèmes glacées, chocolats… ; garnitures sucrées type miel, confitures, sucre de table…).
Les chercheurs ont investigué les liens entre la consommation de sucres ajoutés et les risques de développer sept maladies cardiovasculaires (AVC ischémique, AVC hémorragique, infarctus du myocarde, sténose aortique, insuffisance cardiaque, fibrillation atriale, anévrisme de l’aorte abdominale). Pour quantifier la quantité de sucres ajoutés consommée, les auteurs ont utilisé des questionnaires semi-quantitatifs de fréquence de consommation alimentaire remplis par 69 705 Suédois. À partir des réponses, ils ont soustrait au total de sucres consommés les sucres contenus naturellement dans les fruits, les légumes, les jus de fruits « pur jus » et les confitures, obtenant ainsi la quantité de sucres ajoutés consommée. Mais ils ne se sont pas arrêtés là. Ils ont évalué les risques de développer une des sept maladies cardiovasculaires citées précédemment selon l’origine des sucres ajoutés consommés (boissons sucrées ; friandises ; garnitures).
Tout est une question d’équilibre
Fuir les sucres ajoutés ne protège pas des maladies cardiovasculaires, bien au contraire ! Les auteurs ont observé que les Suédois dont les apports énergétiques en sucres ajoutés étaient inférieurs à 5 % des apports journaliers avaient, en général, un risque plus important de développer des maladies cardiovasculaires. Ceci peut être dû à des carences en micronutriments ou à la substitution de produits sucrés par des produits riches en acides gras saturés. Toutefois, pour l’AVC ischémique et l’anévrisme de l’aorte abdominale, les risques maximums ont été observés chez les personnes qui consommaient le plus de sucres ajoutés (> 20 % des apports énergétiques journaliers). Mais quelle que soit la maladie étudiée, le risque minimum était observé chez les consommateurs intermédiaires (entre 5 et 10 % des apports énergétiques journaliers).
Boissons sucrées : danger pour la santé
En prenant en compte l’origine des sucres ajoutés, les résultats différaient selon le produit considéré. Les grands consommateurs de boissons sucrées (plus de 8 par semaine) étaient plus à risque de développer une insuffisance cardiaque (+ 18 %), un AVC ischémique (+ 19 %), une fibrillation atriale (+ 11 %) ou un anévrisme de l’aorte abdominale (+ 31 %). À l’inverse, les risques de développer des maladies cardiovasculaires étaient plus élevés pour les personnes qui mangeaient le moins de friandises. Pour les garnitures, le constat était plus mitigé : les risques de développer une insuffisance cardiaque ou une sténose aortique étaient plus élevés pour ceux qui en consommaient le moins, alors que le risque d’anévrisme de l’aorte abdominale était plus élevé pour ceux qui en mangeaient le plus.
Pourquoi de telles différences ? D’après les auteurs, consommer des friandises ne rime pas forcément avec régime alimentaire déséquilibré : les pâtisseries sont souvent consommées avec des proches ou des collègues, comme lors de la fameuse pause fika chère aux Suédois.2 Ainsi, elles s’intègrent à l’alimentation quotidienne et rappellent que la nutrition ne se restreint pas à l’apport en nutriments. Se nourrir, c’est aussi prendre du plaisir et partager des moments conviviaux.3 Mais pour les boissons sucrées, les auteurs ont remarqué qu’elles allaient de pair avec des régimes alimentaires déséquilibrés : ces calories liquides ne sont pas rassasiantes et augmentent donc les risques de surpoids et d’obésité…
Références :
1. OMS. Note d’information que l’apport de sucres recommandé pour les adultes et les enfants dans la directive de l’OMS. 26 février 2015.
2. Brones A. Fika : The Art of The Swedish Coffee Break. Ten Speed Press: Berkeley, Californie 2015.
3. MangerBouger. 50 astuces pour manger mieux et bouger plus. 2 octobre 2020.